Militants et responsables du PCF, nous lançons un appel dans le Parti. 12 mars 2016

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Depuis début janvier, unilatéralement, les premiers dirigeants du PCF ont décidé d’intégrer notre parti dans un processus de « primaires de la gauche et des écologistes » pour les présidentielles de 2017, suivant plusieurs appels émanant de personnalités diverses. Le secrétaire national à « ouvert la porte » du Parti à cette procédure. Le porte-parole du Parti participe aux réunions, à l’Assemblée nationale, du « Comité d’organisation de la primaire des gauches ».

Les « primaires » sont la caricature de la forme la plus discréditée de la démocratie bourgeoise et rejetée par les travailleurs en lutte. Nous ne pouvons pas laisser l’opposition qui monte, à travers le refus du projet de loi provocateur El-Khomri, contre la politique du gouvernement au service du patronat, être canalisé par les courants de la social-démocratie, du réformisme, de la collaboration de classe.

Nous faisons constater que cette position, qui engage profondément notre organisation, a été prise sans aucune consultation des communistes. A l’issue de la réunion du Conseil national des 16 et 17 janvier, aucune résolution n’a été adoptée. L’initiative des dirigeants n’a pas été validée. Après deux mois de faits accomplis et d’enflure médiatique, la direction a fait adopter par le CN des 5 et 6 mars une proposition de base de discussion pour le 37ème congrès du PCF qui inclut la démarche des primaires. Mais ce n’est pas une position décidée et valable aujourd’hui.

Il serait mortel pour notre parti que le congrès des communistes, les débats indispensables, entre eux, sur le bilan de la ligne du Parti depuis 2012, l’analyse de la situation et le projet communiste soient pollués, confisqués par l’option institutionnelle, politicienne des primaires, l’évolution des rivalités dans la « gauche » et son éternelle recomposition/décomposition.

Nous demandons pourquoi le calendrier initial, prévu par le CN début 2015, a été abandonné. La tenue d’une « convention nationale sur le projet » avait été décidée pour le printemps 2016, préalable au 37ème congrès qui se serait tenu à la fin de l’année. Le congrès aurait pu alors également trancher, en connaissance de cause, et en temps et en heure, la question de la candidature pour 2017.

La « convention » est tombée aux oubliettes. Le congrès a été avancé au printemps 2016. La direction laisse les primaires envahir le débat interne. Les adhérents du PCF s’apprêtent ainsi à connaître le contraire de ce qu’on leur avait annoncé : un débat tronqué sur le fond au congrès, une décision pour les candidatures aux présidentielles, pré-conditionnée par la démarche « primaires », qui échappera à leur souveraineté à la fin de l’année.

Que le PCF puisse accepter l’idée de primaires à l’américaine est tout bonnement impensable ! A quoi bon prétendre dénoncer la présidentialisation de la démocratie bourgeoise si c’est pour en reprendre l’ultime caricature ?

Depuis deux mois déjà, les combinaisons politiciennes vont bon train, laissant nombre de militants désemparés où les luttes exigent de nous un mobilisation maximum. Au final, ce sera dix fois pire que l’épisode, vécu si douloureusement par les communistes, des « collectifs antilibéraux » de 2006. La personnification de la politique, le choc des ambitions, petites ou grandes, éclatent. La ministre de l’austérité de la justice, Christiane Taubira, est remise en selle après sa démission. La partenaire privilégiée de nos dirigeants aux départementales et aux régionales, Emmanuelle Cosse, est soudain dévalorisée pour avoir préféré une bonne place – tout de suite – dans le gouvernement remanié… Les primaires font également le jeu de Mélenchon qui les refuse. Mais ce qui est bon pour la stratégie égocentrique et politicienne de Mélenchon, ne peut pas l’être pour les communistes.

Rentrer dans la démarche des primaires, c’est se soumettre à la perspective fausse que le changement viendra de la présidentielle. C’est laisser écraser le contenu et les initiatives communistes sous ce choix stratégique.

Tous les programmes communistes que l’on pourra rédiger ensuite, subordonnés à ce cadre, ne pourront qu’être réduits à des éléments d’appoint. Certains camarades viennent de l’expérimenter aux régionales sous le poids des alliances recherchées ou obtenues avec EELV puis avec le PS. L’alternative à la droite et au social-libéralisme ne peut pas s’imaginer aujourd’hui dans un regroupement électoral préalable, à objectif majoritaire, dans une compatibilité politique, avec les « frondeurs » aubryistes sur la base de la nostalgie du programme de Hollande 2012, sinon avec un marchand de cosmétiques comme Hulot ou un anticommuniste et pro-européen viscéral comme Cohn-Bendit à l’initiative du premier appel aux primaires…

La démarche des primaires n’aboutira peut-être pas d’ici 2017. Beaucoup de ses défenseurs avouent préparer plutôt une recomposition politique à gauche pour après 2017 suivant des exemples – non concluants voire démobilisateurs – d’autres pays d’Europe. Cela ne change rien à la nocivité de la démarche pour le PCF ; pas davantage que l’éventualité d’une candidature issue du PCF dans ce cadre (le secrétaire national s’est déclaré à la presse être prêt « à forcer sa nature » pour cela). La participation au processus des primaires aura donné une caution « communiste » aux autres candidatures de « gauche » ; en particulier avec la priorité affichée d’éviter à tout prix un deuxième tour droite-FN. Une telle candidature ne pourra qu’aggraver, plus encore qu’en 2007, l’effacement de l’identité et des positions communistes.

La priorité du Parti dans les semaines qui viennent est de contribuer à élever la lutte contre les provocations antisociales que sont le projet de loi El-Khomri, la criminalisation du mouvement syndical, l’état d’urgence… De larges convergences sont possibles entre la défense du code du travail, celle des statuts de la fonction publique et des cheminots, etc. Une première victoire – le retrait total du projet – doit servir à remettre en cause tous les coups les plus graves du pouvoir depuis 2012. Aussi, ce serait un contresens pour les communistes de rentrer dans le jeu et de laisser la loi El-Khomri être le prétexte pour toutes les déclinaisons de la « gauche » de se poser en opposants, en vue de recréer des illusions électorales réformistes et pro-européennes, d’anticiper une recomposition politique, qui signifierait une nouvelle étape de l’effacement du PCF et de ce qu’il représente comme force révolutionnaire historique dans le pays. Agir efficacement en communistes dans les luttes et penser les primaires sont incompatibles!

Pour toutes ces considérations, nous appelons nos camarades à demander :

-          Que les dirigeants du PCF, autrement qu’à titre strictement personnel, suspendent toute participation au processus des primaires et le fassent savoir aux médias

-          Que le Conseil national du Parti qui sera convoqué à la mi-avril décide l’organisation d’une consultation nationale des communistes – préalable à la préparation du congrès et indépendamment d’elle – sur la participation ou non à un quelconque processus de primaires pour les présidentielles de 2017.

Initiateurs de cet appel, nous ne cachons pas que nous contestons de façon générale l’orientation de la direction du Parti depuis des années et que nous déposerons un texte alternatif au congrès. Pour autant, nous mettons cet appel à la disposition de tous les communistes – qu’ils partagent ou non totalement les mêmes vues – parce qu’il s’agit de garantir des possibilités véritables de débat et de décision au congrès de juin. 

A L’INITIATIVE DE CET APPEL (fédération, section):

Suzanne BARBAUX (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Corinne BECOURT (02 Aisne, Saint-Quentin, secrétaire de section, Conseil départemental) ; Laurie CARPENTIER (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Serge CARRIER (02 Aisne, Saint-Quentin, Conseil départemental) ; Gautier DUCOS (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Jean-Jacques GABERT (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Michèle GABERT (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Francis GUEZOU (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Aurélien JAN (Aisne, Saint-Quentin, Conseil départemental) ; Barbara KNOCKAERT (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Franck MOUSSET (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Christian PLE (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Didier TASSIN (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Jean-Luc TOURNAY (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Josette TOURNAY (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Olivier TOURNAY (02 Aisne, Saint-Quentin, conseiller municipal, conseil départemental) ; Georges VARENNE (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Antoine LUBRINA (03 Allier, Montluçon) ; Henri SABATTIER (07 Ardèche, Sud-Ardèche) ; Daniel TOURNAY (07 Ardèche, Pont-d’Arc) ; Lisette TOURNAY (07 Ardèche, Pont-d’Arc) ; Thibault ALBANESE (13 Bouches-du-Rhône, La Ciotat) ; Olivier APPRUZESE (13 Bouches-du-Rhône, Trets) ;  Magali DALET (13 Bouches-du-Rhône, Aix) ; Fabien MARION (13 Bouches-du-Rhône, Aix, secrétaire de cellule) ; Robin MATTA (13 Bouches-du-Rhône, Port-de-Bouc, cheminot) ; Léa TALRICH (13 Bouches-du-Rhône, Marseille) ; Ysaline WAGNER (13 Bouches-du-Rhône, Marseille) ; Noël ZICCHINA (2A Corse-du-Sud, Ajaccio, Conseil départemental) ; Robert JEAN (2B Haute-Corse, Cap Corse, secrétaire de section) ;  Serge FRICOUT (24 Dordogne, Lisle, conseil départemental) ; Amy LACAUD (24 Dordogne, Lisle) ; Karen LACAUD (24 Dordogne, Lisle) ; Robert BERTRAND (31 Haute-Garonne, Verfeil) ; Jacky BOURBON (33 Gironde, Coutras) ; Anne-Marie KOLLI (33 Gironde, Arcachon) ; Jacqueline DANG TRAN (35 Ille-et-Vilaine, Rennes) ; Guy HAREL (37 Indre-et-Loire, Montlouis, cheminot) ; Diana KDOUH (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, conseillère municipale) ; Florence LANDOIS (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, Conseil départemental) ; Dominique NEGRI (38 Isère, secrétaire de section de Saint-Martin-d’Hères, membre du Conseil national) ; Nino PICARRETTA (38 Isère, Echirolles, conseil départemental); Laurent RICHARD (38 Isère, Terres Froides, secrétaire de section, membre du Conseil départemental) ; Jérôme RUBES (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, adjoint-au-maire, Conseil départemental) ; Thomas FEVRE (42 Loire, Saint-Etienne) ; Michel GAGLIANO (42 Loire, Saint-Etienne, cheminot) ;  Jules FAUCOUP (42 Loire, Saint-Etienne) ; Nicolas KIEFFER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Alain LEYDIER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Bernadette LEYDIER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Martin PONTIER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Lucas WINIARSKY (42 Loire, Saint-Etienne) ; Roger PINET (45 Loiret, Briare) ; Jean-Claude PATE (50, Manche, Cherbourg) ; Eric MONNINI (54 Meurthe-et-Moselle, secrétaire de la section de Jarny) ; Pierrick SPIZAK (54 Meurthe-et-Moselle, Villerupt, secrétaire de section) ; Pierre VIRGILIO (54 Meurthe-et-Moselle, Thil, secrétaire de section) ; Alain GIRARD (55 Meuse) ; Basile ACKERMANN (57 Moselle, Orne-Basse) ; Jean-Baptiste DELGENNES (57 Moselle, Thionville) ; Dominique DROUET (57 Moselle, Thionville) ;  Paul RIO (58 Nièvre, Guérigny) ; Jean-François LAROSIERE (59 Nord, Douai) ; Aymeric ASSEMANN (62 Pas-de-Calais, Hénin-Beaumont) ; Joël COPIN (62 Pas-de-Calais, Rouvroy) ; Frédéric BERNABE (70 Haute-Saône, Vesoul, Conseil départemental) ; Nasser DIFFALAH (70 Haute-Saône, Couthenans, Conseil départemental) ; Georges DROUARD (70 Haute-Saône, Luze, Conseil départemental) ; Hubert GUERRIN (70 Haute-Saône, Plancher-Bas, Conseil départemental) ; Fabienne LIEVIN (70 Haute-Saône, Saint-Rémy, conseil départemental) ; Patrick LIEVIN (70 Haute-Saône, Saint-Rémy, conseil départemental) ; Cyrille MORLOT (70 Haute-Saône, Vesoul, secrétaire départemental) ; René MORLOT (70 Haute-Saône, Lure, Conseil départemental) ; Patrick MUZARD (70 Haute-Saône, Gray, Conseil départemental) ; Jean-Pierre POINSOT (70 Haute-Saône, Gray, Conseil départemental) ; André RUIZ (70 Haute-Saône, Ronchamps, Conseil départemental) ; Marie-Jeanne VILETTE (70 Haute-Saône, Conseil départemental) ; Albert BARRE (75 Paris, 15ème) ; Antoine BIMBEAU (75 Paris, 15ème) ; Matthieu BOLLE-REDDAT (75 Paris, 15ème, cheminot) ; Emmanuel DANG TRAN (75 Paris, secrétaire de section de Paris 15ème, membre du Conseil national) ; Pierre DARGHAM (75 Paris, 15ème) ; Olivier DAVOISE (75 Paris, 15ème, RATP) ; Henri DERRIEN (75 Paris, 15ème, ancien conseiller de Paris) ; Claude FAINZANG (75 Paris, 19ème, membre du Conseil national) ; Paul FOURCHARD (75 Paris, 15ème) ; Josette GAWSEWITCH (75 Paris, 15ème, membre du Conseil départemental) ; Joran JAMELOT (75 Paris, 15ème, AP-HP) ; Pierre YAGHLEKDJIAN (75 Paris, 15ème, membre du Conseil départemental, RATP) ; Russel YATES (77 Seine-et-Marne, Meaux) ; Armelle HERVE (78 Yvelines, Mantes-la-Jolie, secrétaire de section) ;  Pierre ILLE (78 Yvelines, Les Clayes-sous-Bois) ; Marc JAMMET (78 Yvelines, Mantes-la-Jolie, conseiller municipal) ; Marcelle AVENTIN (81 Tarn, Gaillac, Conseil départemental) ; Robert AVENTIN (81 Tarn, Gaillac) ; Joël CASTEX (81 Tarn, Bastides, Conseil départemental) ; Eric JALADE (81 Tarn, Castres, secrétaire départemental, membre du Conseil national), Christiane ODETTI (81 Tarn, secrétaire de la section de Lavaur, Conseil départemental) ; Danielle RALLIERES (81 Tarn, Bastides, Conseil départemental) ; Yves RALLIERES (81 Tarn, Bastides, Secrétaire de section, conseil départemental) ; Hélène BEGLIA (83 Var, Toulon) ; Monique CHATAIN (83 Var, Carqueiranne) ; Alain TOURNAY (83 Var, Toulon) ; Aurélia TOURNAY (83 Var, Toulon) ; Benjamin LANDAIS (84 Vaucluse, Avignon) ;  Michel PERRIN (87 Haute-Vienne, ancien secrétaire fédéral, section limoges-cheminots) ; Richard DUCLOS (91 Essonne, Sud-Essonne-Etampes) ; Jean CHANTRELLE (92 Hauts-de-Seine, Malakoff) ; Laurence CHANTRELLE (92 Hauts-de-Seine, Malakoff) ; Julien VILLAIN (92 Hauts-de-Seine, Clichy-la-Garenne) ; Alfred HERRERO (93 Seine-Saint-Denis, Bagnolet) ; Christian JOINEAU (93 Seine-Saint-Denis, Bagnolet) ; Christian GRAUX (94 Val-de-Marne, Créteil) ; Martine GUERZEDER (94 Val-de-Marne, Orly-Ville) ; Jean-Jacques SUZANNE (94 Val-de-Marne, Orly-Ville) ; Guy NIEL (94 Val-de-Marne, comité de section de Gentilly) ;Yohann PUDELKO (94 Val-de-Marne, Valenton) ; Jacques VOVARD (95 Val-d’Oise, Argenteuil) ;

 

PETITION A LA DIRECTION DU PCF ET A L’ADRESSE DE TOUT LE PARTI

 

Nous demandons la sortie du PCF du processus des « primaires ». Cette démarche politicienne ne doit pas phagocyter le congrès du PCF.

 

NOUS DEMANDONS :
-          Que les dirigeants du PCF, autrement qu’à titre strictement personnel, suspendent toute participation au processus des primaires et le fassent savoir aux médias
-          Que le Conseil national du Parti qui sera convoqué à la mi-avril 2016 décide l’organisation d’une consultation nationale des communistes – préalable à la préparation du congrès et indépendamment d’elle – sur la participation ou non à un quelconque processus de primaires pour les présidentielles de 2017.